Le Gouvernement - le Japon Imperial

Durant son histoire, le Japon bien qu'officiellement un Empire a souvent été dirigé au nom de son souverain par divers personnages officiels ou officieux. C'est en 1946 que fut établie (sous influence américaine bien évidemment) une constitution qui devait le faire entrer de plein pied dans les monarchies constitutionnelles convenant aux puissances occidentales.

En 2006, les réformes impériales eurent pour effet de restaurer sous certaines formes le féodalisme tout en conférant de considérables pouvoirs à l'Empereur. Les corporations furent des soutiens actifs à cette époque principalement parce qu'elles étaient parvenues à obtenir des concessions très significatives en échange de la naissance d'un nouvel empire. Parmi ces acquis, diverses mesures légales furent mises en place par le souverain afin de favoriser les corporations japonaises par rapport aux multinationales étrangères : fiscalité à taux différenciés, parts de marché réservées, clauses spéciales dans les marchés publics et les contrats gouvernementaux, etc... le tout couplé avec les récentes décisions de la Cour Suprême américaine à propos de Shiawase qui venaient d'entériner l'extraterritorialité corporatiste aux USA, ce que ne tarda pas à faire également le Japon en ciblant dans un premier temps les corporations nippones et en leur donnant ainsi un peu d'avance sur les autres.

Lentement mais sûrement, la classe politique malmenée par ces réformes se tourna comme il était prévisible vers l'un des deux pôles de l'empire : le Trône et les Zaibatsus. Les liens entre politiciens, financiers et criminels ont souvent été étroits dans le japon du 20ème siècle et cela ne s'est pas démenti depuis. Les corporations jouèrent une fois de plus la carte du lobbying et permirent à certains politiciens de conserver leur place ou d'arriver là ou ils voulaient. Et petit à petit, la Diète récupéra une partie de ses pouvoirs élagués par la réforme impériale de 2006. Mais dans cette histoire, ce furent les conseillers corporatistes auprès de l'Empereur qui obtinrent le plus d'influence et au fur et à mesure que les années passaient, l'Empereur se vit doucement mais fermement cantonné de plus en plus dans ses fonctions cérémonielles. Lorsqu'il périt en 2046, l'empereur Kennichi laissa la place à son fils Anjiro, plus jeune et moins expérimenté et malgré leurs rivalités, corporations et politiciens purent réduire encore la puissance du pouvoir impérial. Avec le décès inattendu de l'empereur Anjiro, les corporations (malgré les dissensions que cela causa en leur sein) surent tirer partie du couronnement de l'Impératrice Mariko tout en justifiant aux yeux des masses la réduction accrue des pouvoirs impériaux par le fait qu'une femme inexpérimentée occupait le trône.

La Maison Impériale
La jeune impératrice, le futur héritier du trône et une partie de leurs proches (principalement des membres d'antiques familles nobles) représentent une faction un peu particulière dans le système japonais : bien que dépourvue de pouvoirs réels, la Maison Impériale est un symbole de la cohésion nationale qu'il faut à tout prix préserver alors que les épidémies de SIVTA, la Gobelinisation et divers autres évènements historiques ont sérieusement décimé les rangs de la noblesse. Par sa grâce et son humour, l'Impératrice donne à son peuple l'image d'une souveraine bénigne et compatissante, un gage de stabilité dans un monde chaque jour un peu plus chaotique.

De fait, la Maison Impériale est en guerre contre pratiquement toutes les autres factions qui se partagent le pouvoir. Il s'agit autant d'un conflit d'intérêts, d'une question de préséance que d'opposition idéologique : certains membres de l'ancienne noblesse n'ont toujours pas digéré les derniers siècles de l'histoire japonaise qui ont vu les descendants de fils de paysans devenir des magnats industriels régentant le pays. Selon ces personnes, l'aspect traditionaliste affiché par le gouvernement japonais et le pays en général n'est qu'une façade de prétention qui cache mal le peu de bienséance et d'honneur des nouveaux seigneurs corporatistes et de leurs laquais de la Diète. Si l'on ajoute à cette situation le fait que Mariko elle-même supporte très mal l'idéologie raciale japonaise (surtout depuis la mort de feu son époux...), on se retrouve dans une situation paradoxale : une souveraine adorée de son peuple sans aucun pouvoir réel et totalement opposée a pratiquement toutes les décisions prises en son nom. Dans tout autre endroit de la planète, une telle situation aurait vite dégénéré en guerre civile ou se serait soldée par l'assassinat d'une impératrice gênante... mais au Japon, il y a le respect des convenances de part et d'autre. Tant qu'elle se limite à des allusions fines au second degré, à des maneuvres médiatiques sans réel impact et qu'elle n'attaque pas de front ses "conseillers" corporatistes, la souveraine peut continuer à vivre... et si jamais elle s'avère plus nuisible qu'utile lorsqu'il s'agit de préserver la paix sociale...  un chapitre entier sera réalisé sur l'Impératrice, ses motivations et sa situation personnelle bien que la grande majorité de la population ne soupçonne même pas l'existence d'un conflit.

 

Les Ministres
La nomination des ministres du gouvernement de Sa Majesté Impériale est un des exercices les plus compliqués de la politique japonaise en 2058. Ce sont les députés de la Diète qui choisissent en leur sein un Premier Ministre et celui-ci désigne ses Ministres. Comme beaucoup de pays, le Japon a subi quelques coupes budgétaires (sensiblement amorties par les bénéfices de l'énergie solaire et les gains de la période impérialiste qui ont permis l'implantation en Corée, aux Philippines et à San Francisco...) qui ont "dégraissé" l'administration et réduit le nombre de ministères. Du coup, la nomination du Premier Ministre parmi les candidats de la majorité parlementaire est délicate et les places à ses cotés assez rares pour qu'on se les arrache à grand renfort de manipulation et de coups bas. En plus du premier ministre, on compte :

- le Ministre de l'Espace : il est directeur adjoint du Nippon Space Development Consortium (voir Shadowspace) qui est présidé par l'Impératrice à titre purement symbolique. Vu l'implication des corporations dans le NSDC, le ministre est généralement un de leurs supporters acharnés.

- le Ministre de la Justice : qui joue également le rôle de ministre de l'Intérieur, ce qui renforce la valeur d'une constatation toute simple : le Japon Impérial est un état policier. Néanmoins, ses fonctions de Ministre de l'Intérieur lui sont déléguées par le Premier Ministre qui conserve le contrôle de l'Agence Nationale de Police 

- le Ministre de l'Economie : en fait, il s'agit simplement du représentant du gouvernement auprès du Conseil Economique et Financier décrit plus bas... pratiquement toutes les décisions affectant l'économie nationale sont prises par le Premier Ministre "conseillé" par le Conseil Economique. Il s'agit de la planque ministérielle par excellence si l'on est capable de ne pas froisser les corporations. Le rôle du Ministre de l'Economie est surtout d'écouter les doléances corporatistes concernant les entreprises étrangères et l'espionnage industriel dont elles sont responsables... mais PAS de gêner les patriotiques entreprises japonaises si proches du pouvoir... tout le système fiscal est sous la tutelle de ce ministère  mais les grandes corporations bénéficient d'un tas d'avantages statutaires sans compter quelques acquis plus ou moins officiels si elles sont d'origine nippone... 

- le Ministre de la Défense : coordonne les activités des militaires dont le chef suprême (théorique) demeure Sa Majesté Impériale. Les nobles et les corporations se battent pour nommer leur candidat (via leurs marionnettes de la Diète) à ce poste parce  que son rôle est symboliquement fort dans un gouvernement impérial et en même temps parce que les marchés militaires sont très très intéressants...

- le Ministre de l'Information et de la Culture : son rôle est de veiller à maintenir l'image publique du gouvernement, à assurer sa propagande et à veiller à ce que les autres ministres disent les bonnes choses de la bonne manière...  l'Education est également sous sa responsabilité sur le papier mais vu que le système éducatif japonais est aux mains des corporations depuis presque un demi-siècle... les dernières prestigieuses universités publiques sont désormais réservées aux enfants des fonctionnaires de l'Empire Nippon.

- le Ministre de l'Agriculture et du Territoire : la nature du terrain japonais pose depuis longtemps des problèmes en ce qui concerne l'occupation des sols et les zones exploitables, bien que les implantations corporatistes sous-marines ou dans les Philippines aient sensiblement allégé le problème, des centaines de kilomètres carrés ont été réutilisés pour installer les capteurs des stations recevant les faisceaux d'énergie satellitaire. Les fonctions de ministre de l'environnement sont également assurées par le titulaire de ce poste mais comme l'essentiel de ces fonctions consiste à se manifester auprès des corporations cherchant des terrains exploitables dans un archipel qui en possède très peu et qui ne maîtrise plus vraiment sa politique agricole, la corruption et l'incompétence règnent à tous les échelons.

- le Ministre des Affaires Etrangères : il s'agit du poste ministériel le moins convoité. En effet, les diplomates nippons ont fort à faire avec les nations plus tolérantes envers les métahumains, sans parler de Tir Tairngire, Tir Nan nOg, la nation Amazonienne etc... la politique extérieure du Japon Impérial dans le Pacifique et plus particulièrement en Corée, à San Francisco et dans les Philippines est abondamment fournie en exemples d'abus de pouvoir, de bavures policières, d'exploitation forcenée des ressources, d'oppression des minorités métahumaines  et autres "petits détails" qui obligent les diplomates à bien plus de contorsions verbales que nécessaire. Aux yeux des pays ou il est très présent, le Japon est souvent perçu comme une nation fasciste et expansionniste et la richesse économique qu'il apporte s'accompagne d'une présence corporatiste nippone souvent étouffante pour l'économie indigène. Les UCAS digèrent mal de voir un pays qu'ils occupaient encore un demi-siècle plus tôt à la tète du monde, les coréens n'apprécient guère la pression considérable des japanacorps sur leur économie intérieure, la Californie n'a toujours pas accepté l'occupation de San Francisco, la Polynésie, le Laos et quelques autres redoutent que les japonais s'installent chez eux comme ils l'ont fait aux Philippines etc... l'aura de Sa Majesté Impériale atténue un peu les rancoeurs mais dans les salons privés et durant les réunions à huis clos, le Japon Impérial prend toute la mesure de la méfiance, voire de l'hostilité, de ses voisins. Les Affaires Etrangères ont également droit aux problèmes liés à l'influence considérable des corporations sur la politique étrangère nippone (corporations qui sont bien plus préoccupées par leurs rivalités que par la cohésion nationale...) et aux interférences traditionnelles des militaires et des services secrets qui ont eux aussi à tenir compte des pressions corporatistes.... 

- le Ministre des Sciences et de la Médecine : sous sa tutelle sont validés les brevets rendus publics par les corporations. Le ministère des Sciences et de la Médecine est également l'organe chargé de coordonner la politique de santé nationale ainsi que d'établir et actualiser les normes en matière de sécurité sur les divers produits et services proposés par les corporations locales ou étrangères sur le marché japonais. Durant les toutes premières années de la Restauration, le Ministère des Sciences et de la Médecine s'est retrouvé avec beaucoup de pouvoir parce qu'il participait plus ou moins indirectement à la mise sur le marché de pratiquement tous les produits pharmaceutiques, chimiques, électroniques et mêmes électriques. Créant également les normes, les règles du jeu  en matière de santé dans un secteur concurrentiel extrêmement féroce, il gênait plus d'un grand trust, surtout ceux qui cumulaient des intérêts dans les installations hospitalières et l'industrie pharmaceutique. Très rapidement, les corporations ont fait pression et bien que sur le papier il conserve ses attributions d'origine, le Ministère des Sciences et de la Médecine n'est désormais pas grand chose d'autre qu'un organe d'enregistrement des brevets et de gestion des rares services de santé et de protection sociale encore actifs. Certains départements échappent encore à la résignation ambiante et il ne se passe pas un trimestre sans qu'une corporation ou une autre se trouve assignée en justice pour non respect des normes ou violation de l'éthique médicale mais malheureusement, les résultats sont rarement à la hauteur du temps et des efforts consacrés par les fonctionnaires des  Sciences et de la Santé. Aux yeux de la classe politique japonaise, ce ministère est considéré comme une pépinières de gauchistes et de fonctionnaires déloyaux.

Le Premier Ministre lui-même dispose en théorie d'un pouvoir relativement considérable puisque la plupart des commissions et cabinets mis en place au sommet de la hiérarchie gouvernementale à l'image du modèle américain ont été démantelés. Ceux qui existent encore, comme la Commission Nationale de Sécurité, ne sont en fait que des instances sans pouvoir réel surtout là pour assurer la diffusion de l'information au sein des ministères et agences concernés. Le Premier Ministre dirige l'administration civile et militaire (sauf en cas de crise majeure si l'Impératrice parvenait à s'installer vraiment dans le fauteuil de chef d'état...). Dans les premières années du nouveau japon impérial, le Premier Ministre était surtout une sorte de secrétaire personnel de l'Empereur mais il a depuis récupéré toutes ses prérogatives et ajouté deux ou trois autres petites choses dans le panier. Les corporations ont joué leur rôle dans cette évolution avec l'espoir que cela les mettrait en position dominante sur les Premiers Ministres à venir ("sans nous, vos prérogatives ne tiendront pas longtemps"...). En fait, les désaccords fréquents au sein des corpos sur le choix du candidat idéal à ce poste ont fait qu'à plusieurs reprises, des candidats de compromis ont dû être mis en avant et que certains ont été trop impliqués avec toutes les factions gouvernementales officielles et officieuses pour donner vraiment l'avantage à l'une d'elles. 

Le Conseil Economique et Financier
Comme on peut s'y attendre, il s'agit de l'instance ou les représentants des corporations japonaises assez influentes se réunissent pour "conseiller" la souveraine et ses ministres et harmoniser leurs rapports. En fait, les rivalités sont telles que les deux seules choses sur lesquelles ces éminents financiers soient d'accord sont la nécessité de continuer à participer au NSDC et celle de faire bloc contre les intrusions de la concurrence étrangère sur le sol japonais. Pour le reste, alors que certaines des corporations maneuvrent afin de réduire encore le pouvoir de l'impératrice (notamment Fuchi, Renraku et Yakashima), d'autres se font généralement oublier tout en accumulant le pouvoir et en étendant leurs tentacules sur tout le pays (Shiawase, Mitsubishi) ou même soutiennent la personne de l'impératrice contre une partie de la Diète et du Conseil Financier (Tokugawa, Mitsuhama et Yamatetsu). On peut difficilement parler de factions malgré cela car toutes ces compagnies sont également concurrentes entre elles et leurs alliances ne sont que des arrangements temporaires dans le meilleur des cas. Néanmoins, par l'intermédiaire des politiciens qu'elles font élire et des ministres issus de leurs rangs, les grandes corporations japonaises sont dans la pratique les véritables maîtres de ce pays dans bien des domaines... contrairement à ce qui se passe en occident, c'est l'esprit traditionaliste des japonais cultivé par ces mêmes corporations qui représente paradoxalement à la fois leur plus grand gage de stabilité et un des principaux obstacles a leurs plans..