Le Yakuza - le Japon Imperial

HISTORIQUE (tiré de l'Underworld Sourcebook)

Le Yakuza naquit dans les couches populaires du Japon aux alentours du 16ème/17ème siècle. Le nom de Yakuza vient du jeu de cartes hanafuda ou la pire main que l'on puisse avoir est 8, 9, 3 c'est à dire en japonais YA,KU,ZA (c'est eux qui le disent...). Ainsi, le nom de Yakuza signifie par la même "vaurien". Le Yakuza fut à l'origine un groupement de joueurs professionnels (-bakuto-, une des catégories de criminels les plus méprisées dans la pègre) désireux de s'adonner à leur vice sans être gênés par les autorités et sans avoir de comptes à rendre aux criminels plus "respectés".  Les Yakuza eurent très tôt recours au chantage et à l'intimidation sur les envoyés des seigneurs, sur la police locale et sur les notables les plus en vue, sans jamais ou très rarement heurter de front les autorités. Tout au long de son histoire, le Yakuza a tenté de maintenir cette ligne de conduite du maximum de résultats avec le minimum de violence. Très vite, le terme yakuza finit par s'étendre à la plupart des criminels tandis que l'organisation prenait de l'ampleur et commençait à s'intéresser à des domaines de plus en plus diversifiés. Au 18ème siècle, le Yakuza était craint des classes aisées et honoré (mais également craint) des milieux modestes ou il agissait comme une police parallèle. Les yakuza établirent leur réputation auprès des petites gens grâce à leur intolérance totale envers les activités criminelles indépendantes et très vite, le nombre d'agressions, de cambriolages et autres crimes de petite envergure chutèrent dramatiquement car l'organisation cherchait des sources de revenus plus conséquentes. Il est nécessaire de comprendre que ce contrôle du crime local fut exercé par les yakuza avec une méticulosité et une efficacité qui n'a jamais été égalée par aucun syndicat du crime. Dans beaucoup d'endroits du Japon, il était et est sans doute encore plus efficace de passer par le Yakuza pour trouver et punir un criminel que par les autorités … à condition d'en payer le prix.

A l'origine, le code d'honneur des Yakuza prêchait le respect de l'homme du commun et ce respect se manifesta par le choix inédit du Yakuza d'entraîner ses victimes par la persuasion plutôt que par la force. Disons pour simplifier qu'à cette époque, une victime du yakuza devait le devenir d'elle même et en connaissance de cause : une personne qui fréquente un bordel tenu par l'organisation ou lui achète des drogues le fait en sachant à qui elle s'adresse alors qu'un pauvre type agressé chez lui ou dans la rue n'a pas son mot à dire dans l'affaire … Voilà pourquoi tous les crimes violents ou le cambriolage, le vol à la tire et ainsi de suite étaient considérés comme indignes par les premiers yakuza.

Les Yakuza, fidèle à leur rôle de contre-pouvoir et d'autorité parallèle se mirent très vite à servir également de justice parallèle. Si vous vous estimez lésé par quelqu'un et que vous plaidez avec succès auprès du clan local, une compensation appropriée sera obtenue de votre ennemi. L'organisation y trouvait son compte en prenant au passage un pourcentage des indemnités perçues ou en obtenant de vous un service pour la dédommager.

Durant la révolution industrielle japonaise (19ème siècle, ère Meiji), le Yakuza s'infiltra dans divers créneaux économiques et politiques et dans certains endroits, son existence fut même officiellement approuvée par les autorités.

En raison de leurs liens avec les zaibatsus japonaises, l'essor économique du Japon durant les années qui suivirent la 2ème guerre mondiale permit à l'organisation de s'étendre à l'échelle du Pacifique et ce fut durant cette époque qu'elle commença à recruter d'autres asiatiques, principalement des coréens. Parallèlement, les anciennes traditions disparurent en partie et certains clans allèrent jusqu'à renier leurs racines.

Avec l'Eveil, le retour d'un pouvoir impérialiste fort et l'expansion économique japonaise qui ont fait du Japon la première nation de la planète, le Yakuza s'est considérablement renforcé et est devenu l'organisation criminelle la plus puissante au monde.

Us et Coutumes
Le complexe code de l'honneur Yakuza repose sur trois notions fondamentales : jingi, giri et ninjo.
- jingi : le respect et l'obéissance envers ses supérieurs, une notion essentielle dans le Japon en général. Le chef de clan est son seul soleil et personne ne peut lui désobéir, lui résister ou se montrer familier envers lui. Le jingi impose un comportement bienséant et correct, civilisé selon les Japonais. Bien sûr, beaucoup de membres du yakuza adoptent une attitude du genre "un comportement civilisé n'est du qu'à des personnes civilisées …" nommément les japonais (humains). Pour le reste du monde …
- giri : le sens du devoir et des obligations. Toute dette doit être payée, en argent si nécessaire mais le plus souvent sous forme de loyauté et de services. Cela marche dans les deux sens : le Yakuza paye toujours ses dettes mais n'oublie jamais de réclamer son dù.
- ninjo : un concept que l'on pourrait traduire très approximativement par l'expression "comportement chaleureux". En clair, la capacité du yakuza de comprendre et compatir aux problèmes des petites gens et de leur rendre justice. Comme on peut le supposer, cet aspect des traditions a été quelque peu laissé de côté avec le passage des siècles ...

Irezumi
Lorsque un individu jugé acceptable par l'organisation intègre ses rangs, le chef de clan (Oyabun) l'envoie au tatoueur du clan qui lui donne son premier tatouage et scelle son appartenance à l'organisation. Le tatoueur mets des heures à réaliser son travail sur le dos du nouveau membre, utilisant une aiguille de bambou et l'inconfort ainsi que la douleur endurés sont considérés comme un honneur par le tatoué.

Les tatouages du Yakuza incluent les motifs spécifiques au clan et une imagerie typiquement japonaise avec des fleurs de cerisiers, des chrysanthèmes et surtout des dragons qui sont le symbole traditionnel du yakuza.

Au fur et à mesure que l'homme rend des services et grimpe dans l'organisation, il reçoit de nouveaux tatouages et et devient une œuvre d'art vivante. La tradition impose que les tatouages ne montent jamais plus haut que le col et ne descendent jamais au delà de l'extrémité des manches d'un kimono classique, permettant au yakuza de dissimuler son appartenance et son importance. Néanmoins, il n'est pas rare dans les fameux bains collectifs japonais de pouvoir admirer les tatouages des Yakuza bien que tout le monde fasse semblant de ne pas les voir...

Les tatouages ne sont jamais enlevés et de nombreuses superstitions leur confèrent un pouvoir protecteur. En gardant à jamais ses tatouages le yakuza demeure à jamais lié à un clan dont il porte la marque et les traditions de l'organisation interdisent le changement de loyauté. Nous reviendrons plus loin sur les affrontements entre yakuza.

Yubitsume
Etant donné que les tatouages signes d'accomplissement ne sont jamais enlevés d'un yakuza, il se doit de marquer son déshonneur d'une autre manière lorsqu'il déçoit ses supérieurs. La forme la plus commune de réparation est de se couper le petit doigt devant le clan et de réclamer pardon. Cette opération est une cérémonie très précise durant laquelle le fautif enroule son doigt dans un linge blanc, prend un couteau offert par un assistant et procède lui-même à l'ablation. Montrer le moindre signe de douleur ou d'inconfort est très mal vu durant cet épisode. Rares sont les Yakuza qui parviennent à un âge avancé sans avoir perdu au moins un doigt de cette manière. La plupart le gardent d'ailleurs dans une petite bouteille de formaldéhide (un agent conservateur), bien en vue dans leur demeure afin de ne jamais oublier leur disgrâce.

Si cette offre de réparation ne suffit pas aux yeux de l'oyabun, il impose alors son propre châtiment qui peut aller jusqu'à la mort mais un simple refus du Yubitsume est déjà extrêmement blessant et peut pousser le subordonné fautif à un comportement suicidaire, dans une vaine tentative de racheter son honneur.

Il est crucial de noter qu'à l'exemple des seigneurs féodaux japonais, le yakuza n'a jamais pris en compte l'existence de "circonstances atténuantes". Donc, même si une mission qui vous a été confiée à échouée parce que les autorités sont intervenues alors qu'on ne les attendait pas, même si une météorite s'est écrasée pile sur votre voiture pendant l'opération, même si un raz de marée à englouti le quartier ou vous vous rendiez, vous avez ECHOUE et il faut donc en payer le prix. L'échec impose réparation. TOUJOURS.

Organisation
Au bas de l'échelle, on trouve le kumi-in (l'homme engagé), c'est à dire l'exécutant qui sera peut-être intégré au clan s'il s'en montre digne. Une fois cette intégration réalisée, il reçoit ses premiers tatouages et devient un kobun. L'organisation aux échelons supérieurs n'est pas sans rappeler une corporation avec des chefs d'équipe (wakagashira-hosa), des comptables (kaikei), des conseillers (komon) et des secrétaires particuliers (hisho) qui rendent tous compte au wakagashira (lieutenant), lui même juste en dessous du chef de clan (oyabun).

Un clan yakuza est désigné sous le terme de gumi. Lorsque l'on parle du clan, on donne donc son nom avec le suffixe gumi. Si le clan porte le nom de son oyabun, par exemple Takada, on l'appelle alors le Takada-gumi. L'influence d'un gumi peut varier considérablement selon sa taille et sa puissance.

Plusieurs gumi peuvent s'allier ensemble pour se protéger mutuellement ou se partager un marché donné et forment alors un rengo. Dans le cadre du rengo, chaque oyabun conserve le contrôle de son propre gumi mais rend compte à celui que l'ensemble des oyabun considèrent comme le plus puissant du rengo, ce qui peut changer avec le temps. Généralement, un rengo est formé par plusieurs gumi de petite taille mais un gumi de grande importance peut forcer des gumi plus faibles à s'allier avec lui après les avoir intimidés ou vaincus.

Actuellement, les rengo les plus puissants sont le watada-rengo d'Akira Watada (dans lequel est impliqué le grand dragon Ryumio qui en serait le véritable maître selon certains) et l'alliance des oyabuns qui forment les principaux actionnaires de Mitsuhama Computer Technologies. Ces deux rengo sont farouchement hostiles. Juste en dessous, on trouve le Yamaguchi-gumi d'Osaka. Autrefois le plus puissant des clans yakuza, il a subi de lourds revers durant les trois premières décennies du 21ème siècle mais est parvenu à redresser la barre, notamment en appuyant certaines opérations de Shiawase dans le pacifique. Evidemment, les Yamaguchi aimeraient bien remonter au premier rang... 

C'est sans doute cette hostilité qui fait que malgré la présence de Ryumio, il ne semble pas y avoir dans le Yakuza d'oyabun no oyabun, de chef suprème. Dans le fond, rien n'empèche un oyabun membre d'un rengo de laisser brutalement tomber ses alliés. C'est dans l'ordre des choses. A lui de prendre garde à le faire au bon moment ou à ne pas sous-estimer ses anciens partenaires. Un gumi ne dépend que de son oyabun et l'oyabun ne rend de compte à personne, sauf s'il y est contraint ou qu'il y voit un intérêt. Cela aussi est dans l'ordre des choses.  

Par contre, la loyauté d'un kobun est toute entière à vouée à son oyabun, à son "père" adoptif. Un kobun ne change pas de gumi et fait ce qu'on lui ordonne, fidèlement et sans hésiter. Le double jeu est impensable dans le gumi alors qu'il est chose courante et normale entres gumi dans un même rengo.

Les traditions n'interdisent pas du tout la destruction totale de l'ennemi mais le yakuza considère toujours que ses  guerres internes sont des affaires privées et un oyabun est complètement déconsidéré par ses pairs si durant un conflit il laisse ses hommes nuire aux katagi (les non-yakuza) qui ne doivent jamais être concernés par ce genre de choses. Par exemple, supposons qu'un chef de clan rende visite à l'école de son fils le jour de la kermesse. Un tueur de la mafia n'hésiterait pas à faire sauter l'école et ceux qui sont dedans (ce qu'ils firent pendant les années 1930...) alors qu'un tueur du yakuza au service d'un clan rival utilisera un fusil à lunette. Ce semblant de "considération" couplé avec le fameux ninjo est pour beaucoup dans la relative impunité dont jouit le yakuza au Japon, au point que ses membres peuvent se déshabiller dans un bain public devant des officiers de police sans risques. Ce comportement à l'égard des katagi est encore très présent au japon (tout au moins tant que des métahumains ne sont pas concernés) mais dans le reste du monde, les choses se font désormais de manière nettement plus violente. 

Principales sources de revenus
Le yakuza est un spécialiste de l'extorsion politico-financière. Dans son pays d'origine, les autorités ne bougent pas sans qu'il le sache, les politiciens de la plupart des partis et de nombreuses corporations dépendent de lui. Une source majeure d'influence dans le monde économique est le sokaya (littéralement : ambassade auprès des actionnaires), c'est à dire le racket exercé sur des corporations et des compagnies basées au Japon en infiltrant des membres du gumi parmi les actionnaires et en les faisant chanter de diverses manières (menaces de problèmes de sécurité, de fuites d'informations sensibles, de problèmes financiers ou légaux...) . Ainsi, de tous les syndicats du crime, le yakuza est le champion incontesté du crime en col blanc sous toutes ses variantes (fausse monnaie, détournement de fonds, surfacturation, délits d'initiés …). La prostitution et le jeu sont les deux autres grandes sources de revenus du Yakuza, en particulier la prostitution de métahumains et les salles de mahjong ou de pachinko clandestines.

Principaux atouts et faiblesses
A son actif, le yakuza peut compter sur deux choses :
- son influence politique et économique qui lui garantit un accès aux meilleures informations et à la meilleure technologie (notamment la cybertechnologie de classe Alpha et mème Béta).
- ses traditions qui assurent l'oyabun d'un clan de la totale loyauté de ses subordonnés. Le tout formant un troisième atout de taille : la "bonne" opinion dont jouit l'organisation au Japon et dans les Little Tokyo un peu partout sur la planète

Contre lui, le Yakuza doit compter avec sa "bonne" réputation qu'il doit maintenir au plus haut aussi souvent que possible et son racisme presque officiel. En Asie, le Yakuza s'est montrée l'organisation du crime la plus raciste et la plus misogyne qui soit et cela est également vrai en Amérique à l'exception des clans de la côte est, adeptes de la Nouvelle Voie. De fait, c'est par son racime que le Yakuza s'est privé d'éléments de valeur et s'est aussi créé un ennemi de taille : les Anneaux de Seoulpa.

Le Yakuza fait un certain usage de la magie mais il est entaché par tout le mysticisme shinto et bouddhiste et le magicien yakuza est perçu comme un notable bien plus que comme un simple spécialiste. Ses possibilités ne sont donc pas toujours exploitées au mieux des intérêts du clan.

Enfin, la discipline qui règne dans le Yakuza y est bien trop rigide pour que l'organisation puisse s'attirer la sympathie de tous les criminels en herbe désireux de rejoindre un syndicat. 

La Nouvelle Voie
La Nouvelle Voie n'est pas présente  au sein des clans du japon mais est suivie par quelques oyabuns installés à l'étranger. Impulsée par l'oyabun Honjowara de Newark, elle vise à faire du Yakuza une organisation plus respectueuse des métahumains, des étrangers et des femmes afin tout d'abord de ne pas se mettre inutilement du monde à dos mais aussi afin de récupérer certains talents qui pourraient autrement profiter a des organisations moins sélectives comme les Triades ou les Anneaux de Seoulpa. De même, la Nouvelle Voie se veut plus respectueuse des traditions populistes faisant des Yakuza les protecteurs des petites gens et certains secteurs classés E ou Z de Newark seraient infréquentables sans les kobuns de l'honjowara-gumi qui y assurent la police et même la circulation, protégeant les résidents contre la sauvagerie des gangs et s'attirant ainsi un soutien populaire nettement plus considérable que celui dont jouissent les autres gumi d'amérique du nord en dehors des Little Tokyo...