Syndicats et Gangs - le Japon Imperial

Le Milieu Coréen

Bien avant l'Eveil, le Japon utilisait déjà des coréens en tant que main d'oeuvre immigrée, à peine plus considérée que les membres des castes intouchables. Vivant dans des quartiers-ghetto, se voyant interdire la plupart des carrières et écoles ouvertes aux japonais, les coréens restèrent entres eux dans la majorité des cas, allant jusqu'à se couper des autres minorités immigrées. Avec le renouveau de l'impérialisme japonais, la situation ne s'arrangea pas mais un mouvement qui avait vu l'entrée progressive des coréens dans les rangs inférieurs du Yakuza s'accéléra (les oyabuns étaient conscients que sans une main d'oeuvre coréenne, ils n'arriveraient pas à s'étendre rapidement à l'étranger et se feraient souffler beaucoup de marchés par les chinois, les italiens, les russes, les sud-américains et les polonais...). Dans certains clans installés à l'étranger (notamment Seattle, voir l'historique), ils parvinrent mème à des niveaux respectables de responsabilité. Avec la purge du Yakuza de Seattle ordonnée en 2042, cette tendance s'inversa brutalement. D'autres purges eurent lieu dans plusieurs clans et très vite, les coréens formèrent les premiers Anneaux de Seoulpa. A Seattle tout d'abord, puis en Corée, au Japon et partout ou il y avait soit des affaires à faire, soit le Yakuza à affronter.

Désormais, le milieu coréen est devenu pratiquement imperméable au Yakuza et extrèmement hostile envers ses envoyés. Bien qu'au Japon ils ne puissent compter sur autant d'appuis qu'à l'étranger, les Anneaux locaux ont conclu des alliances solides afin de maintenir les japonais en dehors de leurs territoires. L'inimitié entre coréens et japonais à fait le reste et de plus, le milieu coréen sait qu'il peut compter sur un certain nombre de gens pas franchement amis avec le Yakuza comme les organisations métahumaines, les corporations étrangères implantées au japon et de nombreux groupes de shadowrunners, certains services secrets étrangers...


Les Triades

Les syndicats chinois tentent de s'implanter en force au Japon mais se heurtent à plusieurs obstacles de taille.

Tout d'abord, le fait que la communauté chinoise est nettement plus réduite que celle des coréens et que les antagonismes entre les différentes Triades sont tellement sanglants qu'ils font passer les rivalités internes du Yakuza pour une entente parfaite en comparaison...

Ensuite que l'essentiel de leurs produits (à savoir des puces BTL bas de gamme, les fameuses "Kong-chips") ne parviennent pas à rivaliser avec le marché intérieur japonais déjà sursaturé de diverses drogues électroniques produites par les japanacorps et le Yauza a des prix défiant toute concurrence. Idem pour la prostitution et les casinos clandestins.

Enfin parce que les Triades sont réputées pour leur usage intensif de la mystérieuse magie chinoise et que le Yakuza (qui n'est pas totalement ignare en la matière non plus...) et les autorités jouent à fond la carte de la peur populaire : les esprits de la nature (kami), la magie shintoiste, bouddhiste ou scientifique sont une chose, les rituels maléfiques des sociétés secrètes étrangères en sont une autre...

En dehors des Chinatowns, les Triades font l'essentiel de leurs affaires en ciblant une clientèle japonaise d'employés corpos qui souhaitent "se délasser" sans passer par le Yakuza et ainsi en courant moins de risque que cela apparaisse dans leur dossier ou retentisse sur leur carrière... bien évidemment, beaucoup de ces pauvres types deviennent par la suite victimes de délicates "pressions" de la part des criminels chinois afin de renforcer leur influence. 

Les Triades sont les éléments les plus indésirables du milieu criminel japonais car ils sont détestés par les autorités, par le Yakuza et mème par les coréens qui n'ont pas l'intention de se laisser prendre leur place d'ennemis et de concurrents "traditionnels" des syndicats japonais.


L'Organisatzia

La mafia russe est peu présente au Japon. Ses diverses composantes ont en effet préféré se ruer vers l'europe durant la phase de la Restauration postérieure aux euroguerres et vers les petits états résultant de l'implosion de la Chine à la mème période. Dans le reste de l'Asie, la guerre est déclarée entre l'Organisatzia, le Yakuza, les Triades et mème les Anneaux de Seoulpa et certaines mafias ethniques locales. En europe, la mafia sicilienne et les nouveaux syndicats scandinaves sont également sur les dents.  Les "russes" (en fait, les biélorusses, les georgiens, les polonais, les ukrainiens, les tchèques...) sont bien trop préocuppés par les débouchés continentaux et leurs haines réciproques pour parvenir à s'implanter solidement au Japon mème s'il y existe quelques enclaves de citoyens d'europe orientale. Ils ont préféré tenter (en vain) de s'implanter à Hong-Kong et (avec plus de succès) en Australasie, à Seattle, Los Angeles, Hanoi et Taiwan. L'activité de l'Organisatsia au Japon tourne presque uniquement autour du trafic de technologie matricielle et la traite des blanches à destination de certains "centres de relaxation" japonais spécialisés dans la "chaif fraiche exotique".  Un certain nombre de réfugiés qui ont fui la Russie durant les euroguerres servent également de contacts ou d'alliés à l'Organisatzia dans ces divers endroits.



Les Gangs

Comme dans beaucoup de pays, les gangs japonais sont un moyen à la fois de s'unir pour survivre et également de renforcer un sentiment d'appartenance culturelle, idéologique ou raciale.

Sur un plan ethnique, les choses sont beaucoup moins valables qu'en amérique du nord vu que la presque totalité de la population japonaise est justement... japonaise. Les seules minorités conséquentes (coréens et chinois) sont déjà bien organisées au niveau criminel et leurs gangs indépendants sont très peu nombreux...

Sur un plan racial, les métahumains sont encore ceux qui sont les plus persécutés par le système. Dés qu'ils sont identifiés par les autorités, les criminels métahumains (ou les criminels métahumains présumés) ont tendance très rapidement à périr dans une bavure policière ou à être déportés à Yomi. Les gangs métahumains sont extrèmement rares en dehors des ghettos ou est cantonnée cette partie de la population japonaise et on ne trouvera pas au Japon l'équivalent des Ancients ou des Spikes de Seattle qui font trembler tout le 'plexe...

En fait, la plupart des gangs qui existent en dehors des ghettos peuvent se diviser en deux types :

- les bosozoku : l'équivalent japonais des go-gangs d'amérique du nord. Des bandes de motards sans foi ni loi qui ne survivent que parce qu'ils frappent vite et disparaissent rapidement hors des villes, dans les secteurs tenus par le Yakuza, dans les Chinatowns, dans les dépotoirs industriels ou dans les zones urbaines en cours de reconstruction. Les Bosozoku sont a peu près la seule forme de violence urbaine sauvage du Japon. Bien qu'une minorité de ces gangs se voient comme des rebelles ou des robins-des-bois, la presque totalité sont en fait de vulgaires punks qui font de petits trafics et servent de seconds couteaux au Yakuza (ou aux syndicats étrangers pour les plus opportunistes) afin d'obtenir l'argent qui leur permettra d'entretenir leurs machines et de faire de nouvelles virées sanglantes dans les secteurs calmes des grandes cités. 

- les kosupure : ce terme est une nipponisation de l'expression anglaise "cosplay" (abbréviation de "costume play"). En amérique on appelle ce genre de gangs des Posers. Ils adoptent le look, les manières, voire les habitudes de personnages réels ou fictifs, le plus souvent issus de vieilles légendes populaires, d'évènements historiques, de films, de séries animées ou de jeux vidéo. Les diverses options offertes par la biosculpture et la technologie Template décrites dans le supplément La Soie et le Chrome (cf. la page Shadowrun) sont très répandues dans ce milieu. Il est difficile de leur trouver un autre point commun en dehors de cela car leur ligne de conduite varie bien souvent en fonction de leur "modèle". Certains se prennent pour des justiciers urbains et harcèlent le Yakuza (parfois un peu trop pour rester en vie...) et les corporations, d'autres vouent leur existence à l'affrontement avec un autre gang de posers qui suivent un modèle antagoniste au leur, certains se comportent comme des maniaques etc... la plupart d'entres eux ont des sources de revenus tournant autour de leur "personnage" : figuration et/ou service d'ordre dans les conventions de jeu tridéo ou d'animation virtualisée, apparitions dans des spectacles réalisés pour des fans ayant des moyens conséquents, production de fanwork bon marché (dojinshi) dans la matrice ou sur papier, prostitution... mais certains sont aussi des trafiquants notoires ou des tueurs à louer. L'attitude des autorités varie beaucoup selon les objectifs de tels gangs et ils sont nettement plus tolérés dans les quartiers cosmopolites que dans les secteurs d'affaires... en fait, de nombreux gangs adeptes du kosupure représentent une sorte de contre-culture à l'idéologie officielle néo-féodale fasciste, raciste et militariste. Dans la plupart des grandes villes, ce qui reste du milieu indépendant de la production simsens et multimédia (les descendants des dojin-circles et komike-clubs des années 80 à 2000, marginalisés par le pouvoir central) est très lié aux groupes kosupure. 

 

Enfin, il ne faut pas oublier que les gangs japonais sont beaucoup moins nombreux que dans la plupart des autres pays de la planète. Rappelons brièvement les facteurs qui sont à la source de cette situation : main-mise du Yakuza, idéologie conservatrice dominante, maintien de l'ordre très rigide, racines socio-culturelles...